Le temps n'est plus au silence
quand les nuits nous voient debout à rêver
de nouveaux possibles
Dans l'ombre du silence
La mort toujours présente
se tapit dans l'oubli
Combien de mensonges
pour ouvrir les tombes
pour enfanter sans peur
dans un monde sans leurre
Dans le gris de leurs yeux,
j'ai vu pleurer le monde
Dans le gris de leurs yeux,
j'y ai vu le reflet de ma honte.
Moutonnant
les bras ballants,
depuis la nuit des temps
Lobotomisés de servitude
nous acceptons la mort des autres sans le moindre frémissement
Bras ballants
tête au vent
les yeux fermés
pour l'éternité
Femmes prisonnières du temps
Dans la douleur et le tourment.
Bras ballants
tête au vent
les yeux fermés pour l'éternité
Faut il se dire insoumise
juste pour l'envie d'ouvrir les yeux
Le ventre rond de solitude
grainer le monde d'espoirs
oublier les habitudes
les servitudes, le noir
Je refuse la responsabilité devant l'inconcevable,
devant l’innommable.
Je baisse l'échine
je lèche les bottes et caresse les bosses
je ravale les cris qui déchirent le cœur
dans un hoquet d'insuffisance à en accepter
l'inévitable ressentiment devant le vide du silence
Le regard vide de sens s'étiole de chagrin
quant à baisser les yeux
il faut pour rester humain
Une vie un peu ivre au bord de l'abîme
dans la peur du vide, elle ferme les yeux
s'envole
Libre de rêver
libre de cette insouciance
qui la soûle un peu
qui la détache de la réalité
Comme une fleur s'étiole
dans un souffle de vent
elle se voudrait libre
Elle se voudrait encore plus libre
plus libre encore que cette impression de
liberté
que lui offrent ses yeux fermés
plus libre de chair
plus libre de mots
libre de toutes les pensées de ce monde
pour qu'enfin
elle puisse trouver ses songes
au plus présent de son être .
Mon cri a déchiré la nuit
qui noire d'encre c'est veloutée de bleu
les arabesques en cascade
y font chanter le temps
qui se déchire et se couvre de sang.
Je suis sans être, sans devenir
enlisée dans la trame d'un avenir
bordé de larmes
brodé de sang
sur une lisse de mensonges
qui emprisonnent les songes
de vérité
de liberté.
Je suis un être sans l'être
noyé dans mes peurs
écœuré de mes pleurs
écorchée par la douleur des autres
de ceux qui me regardent sans me voir
enlisés de tant de souffrance et de silence
qu'ils m'écorchent les sens.
Sans un regard pour le monde
elle émerge de la nuit
se faufile paupières closes
sans un cri pour le monde
elle émerge sans bruit
se cloisonne dans l'osmose
tout à cette vie ronde
qui gigote en elle,
qui la berce dans la nuit
même si elle sait le monde
Tout à sa rondeur
elle n'a même plus peur
elle l’appellera cerise
puisque c'est une fille