TECHNIQUE DE LA PEINTURE À L'OEUF

Particularités de la peinture à l’œuf

Jaune : en principe 30% de corps gras
Blanc : 1 à 2% de corps gras, 12% d'albumine, 85% d'eau.


Habituellement, c'est le jaune qui est employé car c'est lui qui contient le liant, la lécithine, dite "huile d'œuf".
L'intérêt du procédé à l'œuf réside pourtant dans le fait que le jaune d'œuf est une émulsion naturelle (émulsion maigre). Il peut aussi bien être employé comme liant pur que comme adjuvant pour la peinture à l'huile ou bien comme complément légèrement oléagineux pour les peintures aqueuses.
Attention : le jaune d'œuf, bien que partiellement oléagineux, sèche tout de même assez rapidement. Employé sans huile additionnelle, il rend malaisé le travail alla prima à cause de temps de séchages trop courts. Il se prête par contre très bien aux travaux semi-transparents, même s'il a longtemps été utilisé comme une gouache, à la manière opaque.

Aperçu des peintre l’ayant utilisé au cours des siècles
Les Egyptiens utilisaient le blanc ponctuellement préférant les gommes
Les Grecs et les Romains utilisaient l’œuf entier
Les indiens de la côte orientale du Canada utilisaient comme liant les œufs de saumons mâchés, soit secs, soit frais

La tempera
Cette technique fondamentale est caractéristique dans la peinture rupestre médiévale et antique ( d’inspiration byzantine) elle fut utilisée dans de nombreuses églises, chapelles etc... Cette technique fut d'usage courant jusqu'à la fin du XVème siècle, date à laquelle, elle fut remplacée progressivement par la peinture à l'huile. Extraction de l’huile de l’œuf. J van Eyck et les peintre flamands du 15eme l’utilisaient encore couramment Servaient également à la reprise des fresque à la secco (chaux)
La peinture à l’œuf fut, avec la fresque et la détrempe à la gomme, la technique majeure du moyen-âge

La Clarea
Miniature ou enluminure utilisant le blanc d’œuf ou le jaune, les deux ou mélangé à de la gomme selon les pigments utilisés
Aujourd'hui cette technique ancestrale est réutilisée par de nombreux artistes, qui veulent atteindre la perfection dans la transparence et la profondeur de leurs teintes.
Les pigments sont liés à l'aide d'un médium à l’œuf rien que le blanc, ou le blanc et le jaune, et parfois, à l'aide d'un médium composé de jaune d’œuf, de blanc d’œuf, et d'huile de lin.

Emploi ancien du blanc d'œuf au broyage
A l'époque des enluminures, lorsqu'il fallait broyer un pigment dans le but de travailler à la plume et non au pinceau, on utilisait du blanc d'œuf non pas comme liant mais comme adjuvant. Malgré les étranges dogmes proférés et appliqués dans ce domaine à cette époque, nous dirons seulement qu'il est possible que ce produit ait effectivement pu apporter un peu de fluidité aux pâtes étant donné sa charge en eau.
Certains auteurs actuels mentionnent l'emploi du blanc d'œuf comme liant au Moyen-âge. La chose n'est pas totalement impossible mais les conditions de mise en oeuvre devaient être assez complexes étant donné les insuffisances de cette substance par rapport au jaune.
Le blanc d’œuf est dépourvu d'onctuosité ; il est transparent, il donne de la vivacité aux couleurs, mais employé massivement il n'a aucune tenue : il devient friable au séchage. Il faut impérativement l'associer à un autre produit : un jaune, une huile, un liant aqueux, une résine.
Le blanc d’œuf est également utilisé comme verni. On peut y ajouter du sucre comme plastifiant, un insectifuge comme l’ail ou la coloquinte pour éloigner les mouches ou un conservateur comme l’essence de clou de girofle
Il a également servit comme mordant en dorure, en particulier sur parchemin et en enluminure.
Ou encore dans la composition d’encre en extrême et proche orient
Et ensuite comme améliorant des mortiers à la chaux

Préparation : Le blanc d’œuf doit être fluidifié pour être utilisable ( au moyen-âge, on disait rompre le clair de l’œuf)
Battre le blanc en neige et le laisser retomber ou le travailler à l’éponge

Règles générales

Première approche


le travail pictural 

La peinture à l'œuf, diluable à l'eau, permet la superposition des couches sans que les anciennes se remettent en solution. Il est préférable d'attendre un minimum de séchage sous peine d'arracher les sous-couches inférieures encore trop fragiles. C'est une peinture qui se prête mal au dégradé, on travaille davantage par le jeu des transparences, on joue alors sur le rapport pigment/liant, la dilution et la superposition des couches. Il faut savoir que c'est une peinture fluide difficile à travailler en pâte ou dans le demi-frais, qualités que la peinture à l'huile offre.

Autres recettes

 Ajouter de l’huile, ou de la gomme dammar, arabique, de la caséine (effet plus mat), du lait, liant acrylique, cire

les finitions 

Le jaune d'oeuf donne un film satiné, tendre et qui se durcit dans le temps Le vernissage n'est pas indispensable mais possible après plusieurs mois de séchage (vernis à base de résines naturelles).

Quelques règles

 Les matières picturales doivent être fraîches du jour (préparer le jaune au fur et à mesure des besoins)
Le temps d'ouverture est court, le jaune sèche rapidement, le nettoyage des outils doit être impérativement effectué à chaque séance à l'eau chaude.
Il faut se rappeler qu'une quantité excessive de liant provoque l'assombrissement des pigments, souvent aussi des craquelures et parfois des détachements.
Principe de la détrempe : on diminue la dose de colle pour éviter que la couche du dessus n'arrache la couche du dessous (moins forte en colle) en se rétractant au séchage.
au même titre que l'aquarelle, c'est une peinture transparente. On peut donc superposer des couches de couleurs transparente pour varier les tons mais, comme avec l'acrylique et contrairement à la gouache ou l'aquarelle, la couche sous-jacente étant devenue imperméable, on ne risque pas les mélanges qui ternissent.

les supports et leur préparation

L'œuf étant une émulsion maigre, celle-ci est donc employée particulièrement sur des supports bois recouverts d'une préparation maigre ou mieux encore sur un papier ou une toile marouffler sur bois sur lequel on applique une préparation à base de blanc de Meudon et colle de peau ( du levkas) ou du gesso universel.
Mais on peut également l'utiliser directement sur papier comme pour l'aquarelle ou sur un papier sur laquelle on a appliqué un ou plusieurs couches de fondVoici une des recettes pour îcone qui me sert de base dans mon travail mais que je modifie selon le résultat recherché

La préparation du levkas

Le mot levkas vient du grec "leukos" qui signifie blanc. C'est le nom usuel donné à l'enduit blanc du fond de l'icône composé de blanc de Meudon, de Troyes ou d'Espagne mélangé à de la colle sur lequel les couleurs offriront leur meilleure transparence.
Faire gonfler 80 grammes de colle de peaux dans un litre d'eau pendant une nuit. Le lendemain, faire chauffer la colle au bain-marie et en y incorporant progressivement un kilo de blanc de Meudon (ou de Troyes). Faire tomber le blanc sous forme de pluie et bien remuer au fouet.
Une fois tout le blanc versé, continuer à bien remuer pour éviter les grumeaux et chauffer jusqu'à l'apparition de vapeurs. Ajouter cinq ou six gouttes d'huile de lin au mélange afin de garantir une certaine souplesse au levkas. Eteindre le feu et continuer à battre pendant quelques minutes.
Il ne faut jamais faire bouillir le levkas et il est préférable de le préparer dans un récipient profond afin d'éviter une trop grande évaporation. Ne pas enlever la peau qui se forme sur le dessus, elle se dissoudra en mélangeant.

Les quatre premières couches de levkas

Le levkas refroidit très vite et a tendance à s'épaissir, c'est pourquoi il faut le poser très chaud, au moyen d'une brosse large, en un seul passage rapide. La couche doit être la plus fine possible pour réduire les risques de fissures.
Si on enduit plusieurs planches à la suite, il est nécessaire de réchauffer le levkas plusieurs fois et de bien le remuer car la colle, plus lourde que le blanc, a tendance à descendre au fond du récipient.
Laisser sécher pendant une nuit. Poser les quatre premières couches de levkas en croisant le sens du pinceau lors de l'application pour égaliser la surface. Les premières couches laissent apparaître des petites bulles qui disparaissent ensuite au passage successif des couches et par le travail à la spatule.
Prendre soin de couvrir le récipient contenant le levkas d'un film de plastique de ménage (cellophane) pour éviter une trop forte évaporation lors de son refroidissement.
Atténuer progressivement la force de la colle couche après couche en ajoutant un demi-verre d'eau à chaque réchauffement du levkas pour éviter que des tensions entre les couches ne produisent des fissures.

Le ponçage

Dès la troisième couche et lorsque le levkas est bien sec, entreprendre un premier ponçage au moyen d'une cale en bois recouvert de papier de verre (grain180 à 240) pour réduire les inégalités. Le mouvement du ponçage doit être circulaire et régulier.
Plus on avance dans la pose des couches, plus le papier choisi sera fin : le ponçage de la couche de finition se fait avec du papier de 600 afin d'éliminer les dernières raies.
Ne pas poncer trop en profondeur pour éviter de faire réapparaître les petites bulles du début.

Les doubles couches de levkas

Les doubles couches ont pour but de retarder le séchage du levkas, ce qui facilite le travail à la spatule. Ce procédé sera répété deux à trois fois selon le résultat obtenu. Il est inutile de repasser une couche supplémentaire sur un levkas déjà bien dressé.
- Poser une couche de levkas au pinceau
- Attendre 5 minutes de séchage pour que la couche devienne un peu mate
- Remettre une couche de levkas au pinceau
- Passer la spatule à plat sur les rebords. Puis, en partant de ceux-ci, lisser vers le bas en faisant "chuter" la spatule sur la surface intérieure de la planche et égaliser le fond sans remonter sur le rebord opposé. Répéter l'opération depuis chaque rebord en faisant tourner la planche.
- Passer l'index mouillé sur le chanfrein pour effacer les traces de spatule et façonner les angles.

La couche de finition

Cette étape s'effectue en déposant des gouttes de levkas aux derniers endroits qui présentent des défauts, des petits trous ou des raies de spatule. Ces gouttes sont déposées sur le fond sec et lissées d'un coup de spatule ou égalisées avec la paume de la main légèrement humidifiée. Si des petites bulles subsistent, on les bouche également avec la paume de la main et un peu d'eau.

Les fentes et les craquelures

Si des craquelures apparaissent au cours de la pose des couches ou à la fin du travail, il faut remettre la planche à nu et si celle-ci ne présente aucun défaut majeur (noeuds, fente ou gauchissement important), recommencer.
Inutile de rajouter des couches supplémentaires cela ne ferait que s'aggraver. Inutile aussi de vouloir boucher les fentes en y coulant du levkas, les fentes vont se déplacer...